La voie surplombée par l'insula plongée dans l'ombre du haut immeuble faisait face à un autre bâtiment, grand et lui aussi délabré.
Valerius Publicola leva la tête. Il louait un réduit malodorant au dernier étage, le septième. Le mercenaire sourit tristement en regardant les éclats de poterie cassée à ses pieds. Le sombre du sang tachait plusieurs tessons.
"Ceux résidant aux étages supérieurs ne se donnent pas la peine de transporter leurs ordures, ils jettent du haut de leurs fenêtres sans vitres leurs déchets, au risque de tuer les passants malheureux. Les vigiles ne passent trop souvent que trop tard..."
Valerius portait avec lui une jarre d'un diamètre imposant emplie d'eau à ras bord. Ses muscles saillaient en transportant le récipient à travers les escaliers jusqu'à son logis.
"Pas d'eau courante comme pour les plus riches. Je devrais à chaque montée ramener un peu d'eau..."
En ouvrant avec sa clé métallique la porte, il regarda le lieu où il allait vivre. Une paillasse par terre, le luxe de couvertures chaudes et épaisses car il ne voulait pas en hiver utiliser ses braseros déclencheurs d'incendie... cela constituait sa couche. Un tréteau de bois recouvert de deux bols également en bois, quelques aliments composés de légumes et de fruits entassés dans diverses céramiques, un brasero laissé éteint, voici pour la cuisine.
La fenêtre laissant entrer un vent frais que Valerius huma largement. Il savait que la hauteur du bâtiment et le vent le condamnait en cas d'incendie, mais il sourit en voyant le toit de l'insula voisin. Il pourrait sauter jusque là... Restait à ne pas glisser à la réception !
La porte refermée, la jarre posée près du brasero, Valerius entreprit de déposer son seul luxe : sa cuirasse et ses armes dissimulées sous son ample cape de couleur sombre.
Il se dirigea vers l'autel domestique où de petites statues le fixaient de leurs regards de pierre. Valerius pria devant les dieux pénates et la déesse protectrice de sa demeure.
"Vesta, déesse du foyer, donne moi ta bénédiction en cette demeure où je veux abriter mon courage. Donne moi aussi la richesse pour un jour le quitter pour un autre lieu, plus aisé et moins risqué, où je pourrais t'honorer ainsi que les dieux de ma famille."